PARLO ME DEL PAIS

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Le compoix de 1607

 

En parcourant notre histoire

 

par Gérard Maraval


D'aprés un volume daté de 1607 qui, bien que conservé aux archives et côté 8J20 – n'était pas enregistré dans la liste des documents communaux publiées en 1992. son écriture est superbe, bien plus belle que celle du cadastre de 1648 et assez surprenante. Sa facture originale pour nous citoyens d'après l'an 2000, nous semble composée de lettres qui ont des contours tout à la fois gothiques, romans, arabes, en tout cas certainement pas occitans ?

Nous sommes donc en 1607, Padiés avait été rasé en 1586 par l'armée royale, qui avait repris la place aux protestants de Gargoul de Valdéries, après un dur siège. Et surtout, grâce à l'utilisation de deux « couleuvrines » – canons à boulet, sans doute en fer- qui battaient le château depuis les pentes de la Féraudié. Il existe un lieu rocheux, à mi pente de ce village, et qui surplombe quelque peu le hameau de Padiès, que notre concitoyen et ami Edouard Revellat du Mercadial, cite comme «  lou roc des canons » le roc des canons...

Grâce à lui et à la tradition qu'il rapporte, nous conservons ainsi mémoire de ce fait divers qui a bouleversé la quiétude de ce village et incité certains des habitants qui ont survécu, à s'installer ailleurs.

Le château lui-même doit avoir été sérieusement abîmé, et ses propriétaires durent considérer qu'il n'était plus envisageable de le reconstruire à cet endroit, compte tenu des capacités de destruction des premières artilleries d'époque.

 

Apparemment les deux demeures nobiliaires qui furent construites ou reconstruites, après sur le site de la Salle et celui de la Bessière, ne furent pas fortifiés, mais prirent la forme d'un vaste manoir seigneurial axé sur la vie rurale et les travaux agricoles. Chacune de ces demeures, avaient quand même sa tour. Cet attribut spécifiait ainsi le caractère seigneurial du domaine. Il apparaît par contre, qu'un certain nombre de maisons ont été reconstruites au village de Padiès, sitôt la tranquillité et la paix de retour. Ainsi vingt et un ans après sa destruction on trouve à Padiès les maisons suivantes, telles que portées sur le compoix et sans doute en état, puisqu'elles sont imposées.

Une à monsieur de Pinet, sans doute un de Rocquefeuilh, mais il n'habite pas là, plutôt en son château de Pinet, à côté de la Capelle ce seigneur a aussi d'autres biens, jardins, dans le village.

 

Monsieur de l'Almet, sans doute un frère du précédent, possède lui aussi deux maisons côte à côte, sur les rues publiques une autre à côté de la place de Padiès- il y avait donc une place, malgré l'exiguïté des lieux. Et une quatrième dite au « Foury » entre les rues publiques et la venelle. Il y en à même une cinquième dite «  l'oustal de Courneillon » à proximité de celle de « Foury »...

Ce qui fait pas mal de bâtiments tous en cadastrés et payant des impôts. Peut être sont ils habités mais on ne le sait pas. Ce monsieur de l'Almet doit plutôt vivre sur son domaine, à l'Almet commune de Saint Cirgues d'Aigou dont il est le titulaire.

 

Bertrand DELPY

Petit possédant, lui habite à Padiés, il y a sa maison située entre les rues et les maisons des précédents monsieur de Pinet et monsieur de l'Almet.

 

On trouve après lui

Johan GALAUPSa maison donne aussi sur les rues publiques.Il à une deuxième maison dite de la Fargo – la forge- sans s'en sert il comme forge, bordant la rue et les maisons de monsieur de l'Almet et de François Ferail.

 

Frances FARAILH de Lendrevie Possède lui aussi deux maisons à Padiès, encastrées dans les bâtiments des personnes citées auparavant, mais il habite son domaine de Lendrevie.

 

Guilhaume de ROQUEFUEILHQui, d' après le cadastre possède pas mal de biens à Padiès et autres divers lieux de la communauté. Peut être est-il le seigneur de Padiès mais il n'est pas cité comme tel...Il a au village une maison et d'autres bâtiments à côté du jardin de François Farail et de la maison de Pierre AT. Mais, comme il à deux maisons au Bruel dont une «  Bastit de Noü »- bâtie de neuf on peut supposer qu'il habite au Bruel.

 

 

Peire ATpossède une maison avec perron située entre celle de Guilhaume de Rocquefeuilh, celle de maître Johan Sinot et les rues publiques. Cette maison n'est pas très grande -douze canos- 48m² mais le «  balet » ou perron la valorise de 4 canos supplémentaires 16m².Ceci laisse à supposer qu'il s'agit, là aussi, d'une maison récente. Pierre AT doit habiter ce lieu, car il y a autour des terres, jardins ou autres biens.

Ramon ENJALRAN A sa maison située entre celle de maître Johan SINOT et le jardin de Pierre AT dans le village de Padiès

Il possède, en outre, à cet endroit, un jardin, une noyeraie et un « rivage »? en bordure de Cérou et du chemin allant à la Planquo!!... on ne sait trop de quelle passerelle il s'agit car nous ignorons s'il y en avait plusieurs dans les environs de château. Il y a de fortes chances qu'il s'agit de la passerelle qui franchissait le Cérou, en bas des pentes de la Féraudié, dont les fondations et les structures de support ont résisté à peu prés intactes, jusqu'à l'orage de Juin 2007 qui à emporté tout ce bâti et l'ensemble des murs de pierres sèches, qui depuis plusieurs siècles canalisaient solidement le cours du Cérou dans le village de Padiès Nous avons pu utiliser cette passerelle dans notre jeunesse. Elle permettait de traverser le Cérou vers Lendrevie, la Féraudié, la Capelle, Moularés, Pampelonne.

(Tant que François VERGNES – le barbu de Padiès – a vécu en ce lieu – il l'a toujours entretenu et conforté.Il s'en servait pour monter au ravitaillement vers la Capelle, ou aller à ses terrains sur l'autre rive du Cérou. Après sa disparition en 1961, cette passerelle fut délaissée car les anciens voyageurs de la Capelle ou Moulares vers Valence, avaient désormais des voitures et une route bien carrossable.Aussi, petit à petit les madriers ou les planches de ce petit pont s' effritèrent et l'édifice se ruina. Depuis plus de trente ans toutes les boiseries avaient disparues, seuls résistèrent jusqu'en juin dernier les deux fondements de support. Dès maintenant l'érosion naturelle et les crues de Cérou vont en faire disparaître toute trace.)

Un deuxième élément des possessions de Ramon ENJALRAN nous intrigue fort: il possède un « moulin bladié » - moulin à farine- sur le Cérou, mais en ce lieu de Padiès, à côté de sa maison et de son jardin et à proximité de la « planquo ».

Nous savons, certes, que la famille ENJALRAN à toujours été la famille des meuniers de Padiès, où ils sont resté deux siècles encore; mais pas à cet endroit, car on les trouvent bientôt à la Tourtounié, au fond du pré de la Clède, plus de 300 mètres plus loin.

Il apparaît et se confirme donc que le premier moulin ce trouvait dans Padiès même et peut être dans les contreforts nord du château. On voit en effet à cet endroit a la base du rocher supportant le château le départ de trois solides murailles, ancrées dans les fondations de la forteresse qui devaient servir à quelque ouvrage important – était ce la « planquo » qu'on nous cite- qui pouvait être un pont-levis, ou bien était-ce le point d'ancrage du moulin lui même, au roc de Padiès et au Château, et directement sur la rivière de Cérou.

Ainsi le moulin serait intégré directement à l'ouvrage fortifié et une passerelle ou pont devait aussi certainement traverser ce moulin. Il y a, en effet, en face, de l'autre côté du ruisseau, des ruines d'anciennes constructions. En amont de ce passage devait exister la retenue d'eau qui remplissait le cours du Cérou et peut-être même une partie des prés actuels, cela paraît logique.

Ramon ENJALRAN disposait aussi à l'époque de prés à la Tourtounié, de 4 sétérées, là ou plus tard sera son moulin. Mais ce pré est-il le grand pré de la Clède qu'on nous dit possession des moines de Bonnecombe, ou est ce des terrains au dessous. Le cadastre ne cite pas ce nom de la Clède; simplement celui de la Tourtounié qu'exploitera plus tard la famille ENJALRAN. Cet ouvrage était possessions des moines de Bonnecombe dans les années 1700-1800, comme nous l'avons découvert dans les archives, suite à des affaires qui avaient empoisonnées, à ces époques, des meuniers de la Tourtounié et de Cardaillac en dessous. ( voir Padiès hier aujourd'hui n? 51).Si nous nous sommes attardés sur les biens de Ramon ENJALRAN- meunier a Padiès, c'est à cause de son moulin et de la « planquo »- passerelle ou pont-levis, deux ouvrages importants pour la vie de cette forteresse.

 

Johan SINOT Le personnage suivant, propriétaire à Padiès est mestre Johan SINOT: procureur juridictionnel. Nous ne savons pas trop quelle est sa fonction, mais apparemment il doit faire exécuter les décisions de la justice seigneuriale de Padiès Ce qui paraît assez cocasse avec un château ruiné et détruit quelques dix-neuf ans plus tôt par les couleuvrines royales appelées en renfort!En plus Johan SINOT a sa maison située à côté de « portal » - c'est à dire des portes fortifiées du village de PadièsOn peut donc supposer, que ceux qui sont restés vivre à Padiès ont du reconstruire leurs maisons et installé aussi de nouvelles portes ! ... y avait-il des remparts ...Johan SINOT possède une autre maison à la Manaudié- la Malaudié actuellement- peut être était-il originaire de ce hameau...?

 

Catharine de la FARGUEA sa demeure dans le village à côté des rues publiques ainsi que d'autres biens – terrains, bois en bordure du Cérou. Elle est portée comme « tiuzo » de Imbert GAUBERT ? - mais je ne connais pas la signification de ce mot « tuizo »... est-ce veuve?

Enfin le dernier des propriétaires à Padiès à cette époque, est :

Jacques MATHAIl y a quelques possessions mais il n'habite pas cet endroit; sans doute n'a-t-il pas encore reconstruit car on retrouve sa famille à Padiès, quarante ans plus tard.Il habite pour le moment à Cougoureux dans quelque local, sans doute loué.

Ainsi donc en 1607 habitent réellement le village de Padiès, encore en chantier, les familles Bertrand DELPY, Johan GALAUP, Peire AT, Ramon ENJALRAN, Johan SINOT, et Catharine de la FARGUE. Exactement quarante ans plus tard - en 1648 – leur nombre a doublé, il y a donc ( voir Padiès hier aujourd'hui n° 50)

 

 

Jean GALAUP Pierre DELPY Jean TROUCHE Anthoine IMBERT Jean ESPELIAC Johan SINOT Pierre GOUDAL Anthoine CLUSEL Louys CRAISSAC Anthoine REBELLAT Jean BOUSQUET François ENJALRAN Jean MATHA Marguerite MEJANES Isabeau MATHA

 

 

Ce qui fait beaucoup de construction pour un espace qui apparaît aujourd'hui bien réduit.

Mais très vite en vingt, cinquante ou cent ans , à mesure que la tranquillité et la sécurité s'installeront dans le pays, ces familles essaimeront sur les plateaux de la Salle, de Saint Marcel ou d'ailleurs pour coloniser de nouvelles terres de plaine, là ou auparavant dominaient les forêts ou les friches... et les divers hameaux existant en ces lieux vont se gonfler progressivement, de nouvelles familles venant du village de Padiès et de ces abords pentus.

Ainsi le Mercadial, la Borie, la Mayous, Ginal, la Baussanié, le Bousquet, Tels, Cors, Cougoureux, Layrebourg etc... vont se peupler de nouvelles maisons qui jusqu'au années 1880 1890 vont porter la population de notre communauté à prés de 1100 personnes si l'on ajoutait les sections de Lacapelle Padiès, Roumegoux de Tels, du Claux de la Vergnasse que les démembrements des années 1830 avaient progressivement détaché de notre commune

Catégorie : cadastre et compoix occitan


03/04/2009
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